Revue Afriquespoir

L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (ONU), l’espoir d’un monde de paix et de bien être

L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES (ONU), l’espoir d’un monde de paix et de bien être

Jean Claude Kobo     Janvier - Mars 2020


«L’Organisation des Nations Unies est la demeure de l’humanité, pour laquelle elle est synonyme d’espoir. Son action est guidée par la Charte», déclarait l’exsecrétaire général, Ban ki- Moon, à l’occasion du 70 ème anniversaire de ce nouvel empire, le 26 juin 2015.



 
Les Nations Unies (United Nations, UN, version anglaise) ou Organisation des Nations Unies (ONU version française), n’est pas un gouvernement du monde mais, un regroupement intergouvernemental, composées de 193 états sur les 197 que reconnaît l’organisation. Son siège se trouve à New York. Sa construction principale a commencé en 1947 et s’est achevée en 1952. Il a été inauguré le 9 janvier 1951. Aujourd’hui, Antonio Guterres est son 9e secrétaire général depuis le 1er janvier 2017, en remplacement du coréen Ban Ki-Moon.

Depuis longtemps, entre autre suite à latriste expérience de la première et de la deuxième guerre mondiales, les pays du monde ont cherché à créer des conditions de cohabitation pacifique entre les peuples de la planète et le bien être de ceux-ci. Aussi, ont-ils pris des initiatives pour doter à l’humanité des cadres de concertation pour résoudre les problèmes, les crises et les conflits qui pouvaient troubler la paix et le développement du monde. L’ONU est l’une de ces initiatives sans lesquelles le monde continuerait à vivre dans un état de nature dans laquelle la ‘raison du plus fort serait la meilleure’.


 
L'histoire
 
L’ONU a été officiellement fondée à San Francisco, le 24 octobre 1945, avec la ratification de la Charte des Nations Unies, signée le 26 juin de la même année, par 50 futurs membres.

Elle est née à la place de la "Société desNations". Cette dernière a été créée par ‘le Traité de Versailles’, en 1919, pour «promouvoir la coopération internationale et obtenir la paix et la sécurité » en Europe, à la fin de la première guerre mondiale. Elle est restée opérationnelle de 1919 à 1939, et de jure, jusqu’en 1946. Faute d’avoir prévenu la deuxième guerre mondiale, la Société des Nations s’est vue substituée par cette nouvelle organisation, à vocation plus planétaire. Lorsque, le 14 août 1941, fut signée la Charte de l’Atlantique, premières bases de l’Organisation, par Franklin Roosevelt et Winston Churchill, ces deux grands hommes d’Etat étaient convaincus que l’heure était venue de renoncer à l’usage de la violence pour imposer sa volonté. En attendant l’institution d’un système permanent de sécurité générale établi sur des bases plus larges, il était essentiel de désarmer ces nations de l’axe du mal (représenté en ce temps-là par l’Allemagne et le Japon).


 
Les moments déterminants
 
Le pas le plus important, vers la réalisation de ce chef-d’oeuvre, fut accompli, lorsque fut signée le 1er janvier 1942, à Washington DC, par 26 États se battant contre les forces de l’Axe, la Déclaration des Nations Unies. Pour la première fois, l’expression «Nations Unies», fut utilisée.
Sa paternité est attribuée au président F. Roosevelt. Cette déclaration engageait les signataires à contribuer ensemble à l’effort de guerre et à ne pas signer de paix séparée avec l’Axe du mal. L’article 6 de la Charte de l’Atlantique précisait le rôle de la future Organisation comme une institution : « qui fournira à toutes les nations les moyens de demeurer en sûreté dans leurs propres frontières, et qui donnera l’assurance que tous les hommes, dans tous les pays, pourront vivre libérés de la crainte et du besoin ».

Mais c’est seulement avec les conférences de Moscou et de Téhéran, en 1943, que la Chine, les États-Unis, l’Union soviétique et le Royaume-Uni reconnaissaient formellement «la nécessité d’établir aussitôt que possible, en vue de la paix et de la sécurité internationales, une organisation internationale fondée sur le principe de l’égalité souveraine de tous les États pacifiques», nous renseigne le site des Nations Unies.
Après l’adoption de la charte (1945), le président Truman, pour indiquer l’importance de l’oeuvre accomplie pour toute l’humanité, dans son allocution de clôture déclara : «La Charte des Nations Unies que vous venez de signer constitue une base solide sur laquelle nous pourrons édifier un monde meilleur. Cet acte qui entre dans l’histoire vous honore.
Entre la victoire en Europe et la victoire finale dans la plus destructive des guerres, vous avez remporté une victoire sur la guerre elle-même... Grâce à cette Charte, le monde peut commencer à entrevoir le moment où tous les êtres humains pourront vivre une vie décente d’hommes libres ».


 
Pour la paix et la sécurité mondiales
 
C’est l’unique institution capable d’organiser un monde en plein bouleversement où menace la guerre, déclarent deux spécialistes français de la structure, Romuald Sciora et Anne-Cécile Robert, dans leur livre, au titre provocateur : « Qui veut la mort de l’ONU ?». Comme organisation  internationale à portée universelle, l’ONU est la principale superstructure où les pays peuvent soulever des questions et discuter des problèmes les plus complexes. En effet, l’ONU veut prévenir les conflits armés et préserver à l’humanité les violences de la Première et de la Seconde Guerres mondiales qui, « deux fois en l’espace d’une vie humaine, ont infligé à l’humanité d’indicibles souffrances», rappelle la charte de l’ONU.
Ses objectifs primordiaux sont « le maintien de la paix et la sécurité internationale », tels qu’indiqués par l’article premier de sa charte. Avec son statut unique au niveau mondial et les pouvoirs que lui confère sa Charte fondatrice, « l’Organisation peut prendre des mesures pour résoudre un grand nombre de problèmes auxquels est confrontée l’humanité au 21è siècle, tels que la paix et la sécurité, le changement climatique, le développement durable, les droits de l’homme, le désarmement, le terrorisme, les crises humanitaires et sanitaires, l’égalité entre hommes et femmes, la gouvernance, la production alimentaire et d’autres encore », indique son site. Toute cette variété des missions et objectifs, justifie la complexe multiplicité de ses organes, organisations, agences, programmes et missions…

Néanmoins, l’ONU n’est pas un gouvernement mondial et ne légifère donc pas. Toutefois, ses résolutions donnent une légitimité aux interventions des États et sont de plus en plus appliquées dans le droit national et international. Ainsi la déclaration Universelle des droits de l’Homme, adoptée par l’assemblée générale de l’Organisation, le 10 décembre 1948, est la source du droit dans le monde, avec des effets politiques indéniables. Les actions de l’ONU se réalisent au travers de la signature des traités ou des conventions internationales entre les nations.




 

Un espace de dialogue
 
Avec l’apparition de nouveaux acteurs que sont les régions, tant dans les Etats fédéraux que dans les Etats nationaux, les organisations non gouvernementales et les entreprises, les Nations Unies sont devenues un lieu de dialogue pour s’accorder sur des principes et réduire les tensions. Celles-ci naissent des malentendus et des incompréhensions, des informations et des analyses pour comprendre les courants qui animent l'ONU, forger les concepts qui expriment ses aspirations profondes et prendre conscience d’elle-même et des évolutions qui la menacent.

De ce point de vue, l’ONU joue un rôle important. N’a-t-elle pas attiré l’attention sur la détérioration de l’environnement et inventé le « développement durable « qui rend compte de notre responsabilité vis à vis des générations futures ?


 
Les membres de l’ONU
 
L'ONU a la prétention d'être Nations Unies sont une famille mondiale qui regorge en son sein tous les pays du monde. Sa mission étant d’une noblesse rare pour toute l’humanité. L’adhésion des Etats à cette organisation fut progressive. Conformément à sa Charte, peuvent devenir membres «tous les États pacifiques qui acceptent les obligations de la dite Charte et, au jugement de l’Organisation, sont capables de les remplir». Le pays désirant l’adhésion devait soumettre une lettre de demande d’admission au Conseil de sécurité. Une majorité de 9 voix sur 15 est nécessaire et aucun des 5 membres permanents (Chine, Russie, Etats-Unis, France, Royaume-Uni) ne doit opposer son veto. Si le verdict du Conseil de sécurité est favorable, alors ce sera au tour de l’Assemblée Générale de décider, à la majorité des deux tiers, d’admettre l’Etat. Pour l’Afrique, au début des Nations Unies en 1945, seulement quatre pays du continent, l'Égypte, l'Éthiopie, le Liberia et l’Afrique du Sud étaient déjà membres de la Société des Nations. Ils ont participé à la conférence de San Francisco et sont donc « membres fondateurs de l’ONU ». L’ONU est ainsi passée progressivement de 51 membres fondateurs en 1945 à 193 membres aujourd’hui.

 
L’indépendance comme condition d’adhésion
 
L’indépendance fut la condition pour chaque pays de faire partie de cet hémicycle. La vague d’adhésion des pays d’Afrique intervient au début des indépendances des Etats du continent, au cours de la XVe session de l’Assemblée générale des Nations unies, du 20 septembre 1960, et qui devait accueillir 15 pays. Et sur ces quinze nouveaux pays, quatorze sont africains : Cameroun et Togo, anciennement sous tutelle française pour le compte des Nations unies ; la Somalie, anciennement sous tutelle italienne ; le Mali, la République Malgache, la République Démocratique du Congo ex-belge, la République du Bénin, la République du Niger, la République de Burkina Faso, la République de Côted’Ivoire, la République du Congo, la République du Tchad, la République du Gabon et la République Centrafricaine, selon un article de Micheline Paunet de septembre 1960. Actuellement, le groupe africain compte 53 membres aux Nations Unies, le dernier admis ayant été le Soudan du Sud, au début de l’année 2011.

 
Les organes
 
Les nations Unies sont appelées officieusement la « famille des Nations Unies », selon son site. En eff et, elles sont composées de l’Organisation des Nations Unies et de nombreux programmes, fonds et institutions spécialisées. Chacune de ces entités a sa propre direction, son propre budget et ses propres États Membres.

Les programmes et fonds sont fi nancés par des contributions volontaires plutôt que statutaires. Les institutions spécialisées sont, quant à elles, des organisations indépendantes fi nancées par des contributions volontaires et statutaires. L’Organisation a six organes principaux, dont l’assemblée, générale, représentée par chaque état membre; le Conseil de sécurité qui est l’organe exécutif; le Conseil économique et social; le Conseil de tutelle; la Cour internationale de justice et le Secrétariat qui assure la gestion ordinaire de l’organisation. Elle a 15 agences spécialisées qui taclent diff érentes problématiques et préoccupations du monde (développement, population, migration, refugiés, climat, santé, Sida…).

Enfin les nations Unies ont des organisations apparentées: l'Agence internationale pour l'énergie atomique; le Secrétariat de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC); l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques; l'Organisation mondiale du commerce; Organisation internationale pour les migrations et l'Organisation du traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Ce qui rend cette institution un grand centre des recherches et de la connaissance des réalités du monde.


 
Le budget et le financement
 
L’ONU est une grande machine complexe et budgétivore. Il emploie plus de 37.000 salariés en qualité de fonctionnaires internationaux, selon l'actuel secrétaire général, Antonio Guterres.
Ces membres du personnel de l’ONU et le Secrétaire général ne rendent compte de leurs activités qu’à l’Organisation et prêtent serment de ne solliciter ni recevoir d’instructions d’aucun gouvernement ni d’aucune autorité extérieure. A cela, il faut ajouter ses nombreuses opérations de maintien de la paix (OMP) à travers le monde qui sont toutes aussi coûteuses et ont un budget plus élevé que celui du fonctionnement ordinaire de l’institution. Etienne Jacob, journaliste français et rédacteur en chef au journal ‘Le Figaro’, dans un article du 9 octobre 2019, évaluait le budget «ordinaire », qui comprend les frais de fonctionnement liés au personnel et aux organes principaux (Conseil de sécurité, secrétariat général, Cour internationale de justice, etc.): sur la période 2019-2021, à 5,868 milliards de dollars.





Le budget lié aux programmes des opérations de maintien de la paix (OMP) dans le monde (R.D.Congo, Mali, Darfour, Liban, etc.) s’élève, quant à lui, à 6,518 milliards de dollars. Des chiff res qui mettent au défi les budgets de certains pays d’Afrique qui atteignent rarement les cinq milliards de dollars. Ce budget a connu une augmentation de 468 millions de dollars par rapport à celui de 2017-2019 qui lui, se chiffrait à 5,4 milliards de dollars. En 2010-2011, le budget dévolu aux OMP a atteint 7,8 milliards de dollars: il a baissé par rapport aux prévisions actuelles, de plus de 17% en dix ans. Cela se justifie par l’arrêt de certaines missions (ex-Yougoslavie, Rwanda, Somalie…).
Récemment, certains chefs d’Etats parmi les plus puissants et grands contributeurs, Donald Trump et Vladimir Poutine notamment, ont exprimé des réticences claires quant à leur implication à des telles missions qui ruinent leurs trésors publics. Les demandes des réductions budgétaires se sont multipliées et ont contraint les experts financiers des Nations Unies à faire autant avec moins. Ceux-ci se félicitent régulièrement de réussir à maintenir leurs actions malgré les coupes budgétaires qu’ils connaissent. Le montant du budget des OMP «représente moins de 1% du total des dépenses militaires mondiales estimées à 1.747 milliards de dollars en 2013», ironise l’organisation sur son site internet.






Les contributions des Etats membres

Le financement de l’Organisation des Nations Unies et de ses agences spécialisées est assuré par les contributions obligatoires des pays membres, mais avec un barème spécifique surtout pour les missions de maintien de la paix, les fonds extrabudgétaires alimentés par des contributions volontaires de toute organisation, entreprise ou encore tout particulier. L’Amérique, par exemple, a cette tradition des fondations qui supportent l’activité des Nations Unies.

Relativement à la participation des pays membres au budget ordinaire et aux budgets des opérations de maintien de la paix, l’article 17 de la charte du 26 juin 1945, indique que les 193 pays membres ont l’obligation de contribuer au financement de l’organisation, selon une répartition négociée. Cette participation varie largement selon le pays. Le but est que les dépenses de l’organisation soient réparties «approximativement » en fonction de leur «capacité de paiement».

Pour le budget ordinaire, le critère principal est le produit national brut (PNB), mais d’autres éléments comme le taux d’endettement sont considérés. Depuis l’an 2000, les cotisations sont plafonnées à 22% par pays, un taux appliqué aux États-Unis. La limite inférieure est de 0,001 % pour les États les plus pauvres, dont font partie de nombreux pays africains (Érythrée, Gambie, Somalie…).
Selon le barème des contributions au budget de l’ONU pour les années 2003-2006, les 53 pays africains ne payaient ensemble que 0,92 % du budget total, ce qui fait qu’ils n’avaient pratiquement aucun poids financier sur le fonctionnement de l’institution.
Pour les opérations de maintien de la paix, le système est globalement le même. Par contraire, les membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, États-Unis, Russie, France, Royaume-Uni) doivent payer plus, en raison de leurs «responsabilités spéciales» au sein de l’organisation. Les États sont ensuite classés par catégories, des plus au moins développés.

Pour que l’Organisation fonctionne normalement, sans rencontrer quelques problèmes financiers, il faut que les membres paient leurs quotesparts régulièrement et à temps. Ce qui n’est pas évident à l’en croire la déclaration du secrétaire général Antonio Guterres. Pour cette année en cours, en cette matière, il a précisé dans une lettre: « L’année 2019 se termine bientôt et les «réserves de trésorerie risquent d’être épuisées» d’ici le 30 octobre, a alerté Antonio Guterres. La raison? Il a ajouté : «Les États membres n’ont versé que 70% du montant total nécessaire aux activités inscrites au budget ordinaire de 2019», a-t-il précisé dans une lettre, évoquant un «stade critique » avec «le plus important déficit en dix ans».


 
Les missions de l’Onu dans le monde

Les opérations de maintien de la paix occupent une place de choix dans le travail de l’ONU. Selon le site des Nations Unies pour le maintien de la paix dans le monde, depuis 1948, 71 opérations ont été conduites dont 14 sont en cours. 122 pays contribuent à fournir les 99.542 agents qui participent à ces nombreuses missions parfois bien délicates. On compte 85.397 hommes en uniforme dont 72.279 contingents, 9.843 policiers, 1.221 experts et 2.054 officiers. Pour le personnel civil, on dénombre 12.932 et 1.213 volontaires. Actuellement, 7 opérations de maintien de la paix sont en cours en Afrique. Ce qui montre que l’Afrique reste un sujet de préoccupation pour le maintien de la paix onusien. Les opérations actuelles concernent le Sahara Occidental (MINURSO), la RCA (MINUSCA), le Mali (MINUSMA), La RDC (MONUSCO), le Darfour (MINUAD), Abiyé (FISNUA), le Soudan du Sud (MINUSS).
 

 
Des missions coûteuses
 
Le budget lié aux programmes des quatorze opérations de maintien de la paix (OMP) dans le monde (Mali, Darfour, Liban, etc.) s’élève, quant à lui, à 6,518 milliards de dollars. Cette somme sert à couvrir des missions qui deviennent de plus en plus dispendieuses.
Beaucoup de ces opérations, qui exigent un budget colossal, se trouvent en Afrique. La plus coûteuse se situe au Soudan du Sud (MINUSS, 1,1 milliard de dollars). Plus de 27.000 personnes sur place sont chargées de «protéger les civils, surveiller le respect des droits fondamentaux, faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et accompagner la mise en oeuvre de l’accord de cessation des hostilités». Au Mali (MINUSMA, 1,1 milliard de dollars), l’ONU appuie le processus politique pour tenter de stabiliser le pays tandis qu’en République démocratique du Congo (MONUSCO, 1 milliard de dollars), il s’agit de protéger les civils et «consolider la paix». Comme on peut le constater, plusieurs de ces opérations, qui combinent de plus en plus aspects militaires, aide humanitaire et remise en marche politique et administrative, des organisations régionales africaines (Union africaine, CEDEAO) ou des médiations locales (Afrique du Sud ou Nigeria, notamment) viennent en renfort et en complément de l’action de l’ONU.
 

 
L’Afrique dans l’ONU
 
D’aucuns se demandent quel est le calibre politique de l’Afrique dans cette organisation tant que son poids économique est très négligeable tout en étant le continent où les conflits armés sont importants par rapport aux autres parties du monde. En outre, le continent dépend beaucoup de l’ONU et de ses institutions apparentées. Qu'à cela ne tienne, le continent africain a donné à l’ONU deux secrétaires généraux, l’Égyptien Boutros Boutros-Ghali (1992-1996) et le Ghanéen Kofi Annan (1997-2006). Mais il faudrait mentionner aussi des candidats qui ont échoué, quoiqu'ayant d’éminentes qualités, comme le Tanzanien Salim Ahmed Salim, le Sénégalais Mustafa Niasse, ancien premier ministre de son pays, ou encore l’ambassadeur Térence Nsanzé, du Burundi et le ministre des Finances Bernard Chidzero du Zimbabwe…

L’Afrique a également fourni plusieurs directeurs généraux ou secrétaires généraux aux institutions spécialisées de la Famille des Nations Unies : à l'UNESCO, le Sénégalais Moktar Mbow; à la FAO (Organisation pour l’alimentation et l’agriculture) depuis 1994, le Sénégalais Jacques Diouf; à l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) depuis 1997, l’Égyptien Mohamed El Baradei (prix Nobel de la Paix avec son institution en 2005); à l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale) l’Algérien Taïeb Chérif; à l’OMM (Organisation météorologique mondiale) le Nigérian Obasi (1984-2003); à l’OMPI (Organisation mondiale de la protection intellectuelle) le Soudanais Kamil Idris; à l’ONUDI (Organisation pour le développement industriel) dès ses débuts en 1966 successivement l’Égyptien Ibrahim Abdel Rahman (1967-74); l’Algérien Abderahmane Khane (1975-1985) et; depuis 2006, le Sierra-Léonais Kandeh Yumkela; tandis que le Malien Almamy Sylla y passa à de postes des responsabilité une bonne partie de ses vingt-deux années de carrière onusienne.


 
L’africanisation de la gestion des conflits
 
L’Afrique aussi se fait protagoniste des actions des Nations Unies tant qu’elle en est la première bénéficiaire. Déjà dans les années 60, on a vu des contingents africains opérationnels en R.D. Congo (marocains) et ailleurs. La Cheffe de cabinet du Secrétaire général de l’ONU, Maria Luiza Ribeiro Viotti, lors d’une réunion du Conseil présidée par la Russie, le 26 septembre 2019, a déclaré que l’Afrique est maintenant la plus grande région fournissant des contingents aux missions des Nations Unies ».

Que ce soit en Somalie, au Mali et dans la région du Sahel, l’ONU soutient des opérations menées par l’UA, a-t-elle ajouté. D’après l'ex-diplomate français André Lewin, dans son article « Les Africains à l‘ONU. Relations Internationales » d’avril 2006, 35 pays africains fournissent des contingents aux OMP onusiennes, dont 8 avec plus de mille hommes. Sept pays africains figurent parmi les 15 plus importants fournisseurs de Casques bleus et observateurs : l’Éthiopie, le Ghana, le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Maroc et le Rwanda.

Puisque ces armées africaines participent fréquemment aux efforts mondiaux pour garantir la paix et la sécurité internationales, Il faudrait penser à des réformes qui vaccineraient ces dernières du rôle négatif qu’elles jouent dans les crises sécuritaires dans leurs pays respectifs, en soulignant les clivages, le népotisme, la corruption, les crimes, la violence et leur rôle politique, notamment lors de coups d’État, les répressions étatiques et les guerres civiles.

Certes, il y a lieu de louer cet effort important fourni à ce niveau dans l’africanisation de la gestion des conflits. Mais, cela ne suffit pas, tant que jusqu’à présent, cette évolution ne s’accompagne que rarement d’une implication financière des acteurs africains. En effet déclarent David Ambrosetti et Romain Esmenjaud, politicien français chargés des recherches au CERN: «Les acteurs africains ne montrent aucun intérêt envers l’appropriation financière et dépendent des ressources des autres ».
Un autre politicien, Bruno Charbonneau (2015) explique également dans le même sens que : « tout le monde n’est pas intéressé par l’idée de développer des outils efficaces de gestion des crises. Dès lors, les financements de soutien à l’Architecture africaine de paix et de sécurité (APSA) provenant des acteurs exogènes peuvent placer les États africains dans une situation de dépendance prolongée, mais volontaire ».


 
Les critiques à l’ONU
 
L’Organisation des Nations Unies suscite aujourd’hui des critiques à la hauteur des espoirs placés en elle, disait Yves Berthelot, économiste français, ancien fonctionnaire des Nations Unies.

Parmi ces critiques, on peut citer son caractère budgétivore, qui façonne des seigneurs des pauvres parmi les fonctionnaires de l’Organisation avec leurs salaires très élevés et parfois discriminés.
L’opinion publique est déçue de ce que les Nations unies ne soient pas à même d’imposer la paix, le respect des principes qu’elles ont elles-mêmes édictés, ni de trouver les moyens d’un développement plus équitable. Elle a un secrétariat qui n’a pas les moyens des tâches qui lui sont confiées et résiste aux réformes qui seraient nécessaires.
Enfin, l’ONU est prisonnière de grands pays donateurs et de grandes puissances, de surcroit membres du conseil de sécurité, disposant par conséquence des droits de veto, qu’ils utilisent à tort ou à raison selon leurs intérêts du moment.
Ces critiques ne prennent pas toujours en compte les succès remportés et de ses limites connaturelles, eu égard à la nature même de l'institution. Il est évident que de nombreux États souhaitent une réforme en profondeur de cette institution et les propositions sont légion, pour plus d'efficaté sur terrain. Certains Etats insistent sur des pistes pour sa modernisation, l'allégement de ses services et de son budget, d'autres pour une meilleurse représentativité de tous les pays à différents niveaux.

Devant les diverses critiques, les unes plus acerbes que d'autres, l'avertissement de Yves Bertholet paraît pertinent et actuel: "Les gouvernements ne doivent pas oublier que les Nations unies sont une organisation intergouvernementale qui ne peut faire, et même vouloir, que ce qu’eux-mêmes veulent ou sont prêts à faire ; mais, comme il est parfois commode de disposer d’un bouc émissaire, ils blâment l’Organisation pour leurs erreurs ou pour cacher leurs promesses non tenues sans réformer l’instrument qu’ils ont façonné et qu’ils tiennent en main".


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